À la demande de nombreux salariés, la CGT a abordé les négociations salariales 2025 sous un angle différent. Elle a fait le choix d’attendre les propositions finales de la Direction Générale dans l’espoir de porter des revendications communes au sein d’une intersyndicale unie.
Les salariés avaient placé leur confiance dans cette dynamique collective, convaincus qu’une position commune donnerait plus de poids pour faire entendre leurs attentes et obtenir une juste reconnaissance de leur investissement.
Il n’en fût rien !
La Direction Générale aime à parler d’"entreprise familiale", "bienveillante" envers ses salariés… mais le bilan de ces NAO prouve une autre réalité !
L’année 2025 restera marquée par un bénéfice net historique pour Dassault Aviation, dépassant 1 milliard d’euros. Le carnet de commandes militaires est plein pour plus d’une décennie, avec des cadences de production ambitieuses (objectif : cadence 5).
Parallèlement, en 2024, plus de 50 millions d’euros ont été utilisés pour racheter puis détruire des actions — une politique qui, sur 10 ans, représente plus de 2,6 milliards d’euros retirés des comptes de l’entreprise. Il est donc clair qu’une autre politique salariale était non seulement possible, mais parfaitement viable !
Sur le plan de la participation/intéressement, outil de chantage à la modération salariale, aucun changement : l’accord est reconduit à l’identique.
La CGT continue de dénoncer la réduction de la part des bénéfices allouée aux salariés, passée de 33 % (souhait de Marcel Dassault) à 27,5 % depuis une dizaine d’années… Une baisse décidée pour alléger la facture fiscale de la Direction Générale. Un « partage » à géométrie variable, en somme.
Nous le répétons : la régression sociale ne se négocie pas, elle se combat. Céder au chantage de la signature ne mène à rien. Cette année, la Direction a démontré que le nombre de salariés mobilisés ne suffit pas :
Seul le rapport de force paie.
Cette année encore, un talon de 80 euros pour tous faisait partie des revendications portées par l’intersyndicale lors des réunions NAO. Il était clair pour tous que « le compte n’y était pas » et qu’il était impensable de signer en l’état.
Quelle surprise — et déception — de voir ces mêmes syndicats se retirer de l’intersyndicale, abandonner plus de 700 salariés mobilisés, et signer les accords… avant même l’ultimatum fixé par la Direction !
Face à cette trahison et ce manque de cohérence, la CGT a pris ses responsabilités et appelé seule à une journée de mobilisation le 10 juin 2025, sur l’ensemble des sites.
Les retours des salariés sont clairs : incompréhension, désillusion, et colère. Beaucoup se sentent abandonnés, trahis tant par la Direction que par certaines organisations syndicales.
Après consultation entre les sites, et dans le souci de préserver les salariés, la CGT a pris la décision de mettre fin aux actions en cours. Mais elle tirera toutes les leçons de cette intersyndicale pour les prochaines années.
