La CGT entame aujourd'hui la série des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), et,
comme chaque année, c'est le thème du temps de travail que nous abordons en premier,
bien avant celui des salaires. Si traditionnellement l'augmentation des salaires est souvent
planifiée après, c'est aujourd'hui le temps de travail qui est au cœur de notre démarche.
Depuis plusieurs années, la CGT dénonce l’utilisation que vous faites de l’article L2242-
15 du Code du travail, qui stipule que la négociation annuelle doit porter sur :
Les salaires effectifs
La durée effective et l’organisation du temps de travail, notamment la mise en
place du temps partiel. Dans ce cadre, la négociation peut également aborder la réduction
du temps de travail.
L’intéressement, la participation et l’épargne salariale
Mais chaque année, la réduction du temps de travail est systématiquement ignorée. Ce
qui est discuté, c'est souvent la planification des congés, dont l'issue finale est déjà connue.
Pourtant, la CGT, loin de se résigner, persévère et, encore une fois, se tiendra devant vous
dans ces réunions pour défendre les revendications de réduction du temps de travail,
pour remettre à l’ordre du jour les intérêts des salariés.
Contrairement à ce que vous pourriez penser, le contexte actuel de montée en cadence
dans les usines n'est pas un frein à la réduction du temps de travail, bien au contraire.
Les salariés sont épuisés. Aujourd’hui, ce sont les heures supplémentaires et les primes
d’équipe qui maintiennent à flot une grande partie des travailleurs. Si certaines et certains
trouvent leur compte à court terme, pour combien de temps ? La CGT connaît bien le prix
de ces modes de travail intensifs : fatigue extrême, insomnie, problèmes de santé, stress,
alcoolisme, désocialisation, divorces, décès prématurés… Ce n’est pas noircir le tableau
que de dire cela, c’est la triste réalité des conditions de travail imposées à une génération
de salariés.
Le piège de ces modes de travail longs et difficiles se referme aujourd’hui sur une
génération entière de travailleurs Dassault. Vous allez probablement nier la réalité, mais en
tant que responsables de la direction générale, vous devrez en assumer les conséquences
dramatiques.
La CGT porte des solutions humaines et réalisables : l'augmentation des salaires et la
réduction du temps de travail sont les leviers nécessaires pour améliorer les conditions de
vie et de travail des salariés.La CGT revendique la mise en place de la semaine de 32 heures sans perte de salaire. Nous savons que
la société a les moyens de mettre en œuvre cette mesure en embauchant massivement pour compenser
cette réduction du temps de travail. Les actionnaires ont largement profité des bénéfices ces 20 dernières
années, et les salariés ont payé le prix fort. Ne venez pas nous parler de rentabilité à tout prix, cela ne
passera plus.
Dassault peut et doit montrer l’exemple. La direction générale doit être novatrice et, plus que jamais, les
discours sur la souveraineté et le maintien des compétences doivent être accompagnés d’une véritable prise
en compte des conditions sociales des salariés. Soigner les conditions de travail n’est pas un luxe, mais
une nécessité pour attirer et fidéliser des talents.
Embaucher, c’est bien, mais il faut aussi garantir des formations de qualité, et impliquer les futurs
retraités dans la transmission de leur savoir-faire. Ne vous y trompez pas : les jeunes générations sont
aujourd’hui plus attentives aux conditions de travail et elles font des choix qui vous surprendront si vous
ne vous réveillez pas.
La CGT reste ouverte à la discussion autour de la semaine de 32 heures : nous sommes prêts à en débattre,
que ce soit au niveau central ou dans des établissements-tests, pour avancer ensemble sur cette question.
Le recrutement est une priorité, mais il ne suffira pas sans une politique de fidélisation des salariés. La
réduction du temps de travail n’est donc pas un coût, mais une solution pour pérenniser les effectifs et
améliorer les conditions de travail.
Concernant l’Organisation du Temps de Travail
La CGT revendique également depuis de nombreuses années un droit fondamental : la libre disposition
des congés. Cette revendication est légitime et repose sur des arguments solides, fondés sur la réalité du
terrain. Pourtant, vous persistez à ignorer ces demandes, imposant des décisions unilatérales, sans
concertation. Après cela, comment parler de "dialogue social de haut niveau" ? Le dialogue, ce n’est pas
un monologue patronal.
La libre gestion des congés profiterait à toutes les parties, à la fois à la direction et aux salariés. Face à
l’augmentation de la charge de travail, la fatigue et les exigences accrues, il est urgent de donner un peu
d’air aux équipes. Ce n’est pas un privilège que de pouvoir organiser son repos en fonction de ses
contraintes personnelles et familiales, c’est une mesure de bon sens.
Il est grand temps de tourner la page de cette logique autoritaire où tout est décidé sans concertation. Les
salariés ne sont pas des pions, ils méritent respect, reconnaissance et confiance. Accorder la libre
disposition des congés serait un signe fort : celui d’une direction qui écoute, comprend et respecte ses
salariés.
Vous parlez de "bien-être au travail", mais vous refusez d’accorder même un droit aussi élémentaire que
celui de choisir quand se reposer. Il est temps que cela change. Parce qu'un véritable dialogue social, ce
ne sont pas des mots, ce sont des actes.


