Déclaration des élus CGT Comité Social et Économique du jeudi 23 octobre 2025

23/10/2025


 

Le rapport de l’expert sur les comptes prévisionnels 2025 confirme une nouvelle

fois la solide santé économique de Dassault Aviation. Mais derrière cette réussite

incontestable, plusieurs orientations financières et sociales soulèvent des

questions : la politique de rachat d’actions, la baisse de la redistribution des

richesses, les coopérations européennes à haut risque, et des difficultés sociales

persistantes sur plusieurs sites.

1. Une activité intra-muros performante

L’activité propre à Dassault reste florissante :

Le chiffre d’affaires 2025 est attendu en hausse, malgré un contexte international

difficile.

Les services de maintenance et rechange, représentant environ 30 % du chiffre

d’affaires, soutiennent fortement les résultats.

Les commandes Rafale se maintiennent à un niveau élevé (26 Rafale Marine en

2025) et le carnet de commandes atteint un record de 48 milliards d’euros, soit sept

années d’activité.

Côté Falcon, les difficultés persistent sur le marché américain, mais les

perspectives de redressement reposent sur le Falcon 10X. Justement, la CGT attend

un retour clair sur la situation du 10X, notamment concernant le transfert d’activités

vers la société LAUAK Portuguesa. Ce transfert suscite des interrogations sur la

continuité industrielle, la localisation des travaux et les garanties sociales associées.

2. Une situation financière exceptionnelle… mais des choix discutables

La trésorerie atteint 9,5 milliards d’euros, en hausse d’un milliard depuis janvier.

Pourtant, la direction poursuit une politique de rachat et destruction d’actions, avec

déjà 2,7 milliards d’euros dépensés depuis 2014, et un nouveau programme de

2,1 milliards voté en 2025.

Ces opérations :

Privent l’entreprise de moyens d’investissement industriel et social,

Renforcent inutilement la domination de la famille Dassault, qui possède déjà

66,2 % du capital,

Ne profitent en rien aux salariés (36 millions d’euros détruits = 3 600 € de prime

par salarié perdus).

La CGT demande l’arrêt immédiat de ces rachats et une évaluation de leur

impact sur la participation et l’intéressement.

3. Coopérations extra-muros : le SCAF dans l’impasse

Le programme SCAF, lancé en 2017 avec l’Allemagne, illustre les dérives d’une

coopération imposée. Les désaccords persistants sur la maîtrise d’œuvre avec Airbus

compromettent l’avenir du projet.

La CGT partage l’analyse de nombreux observateurs, syndicats et élus allemands :

Ce programme politique coûteux et bancal doit être abandonné.

Dassault a prouvé avec le Rafale, conçu en totale indépendance, que la réussite passe

par la maîtrise intégrale du savoir-faire français.4. Emploi et conditions de travail : des progrès à consolider

Les effectifs dépassent 10 000 salariés, avec une embellie notable dans la fabrication (+230

embauches). Cette progression reste toutefois insuffisante face aux besoins liés à la montée en

cadence du Rafale.

Par ailleurs, 32 démissions à Saint-Cloud en six mois interrogent sur les conditions réelles de

travail, alors que la communication interne et externe ne montre qu’un visage idyllique…

Pour conclure,

La CGT salue les performances financières de Dassault Aviation, mais refuse que le rapport

très positif présenté aujourd’hui serve à mettre sous le tapis les montagnes de problèmes

actuellement rencontrés dans nos établissements.

Pour une seule « bonne idée » il y a 10 ans, l’achat d’actions Thalès (rappelée avec insistance

lors de chaque CSEC !), combien de mauvaises décisions avez-vous prises, vous et vos soi-

disant « experts », monsieur Segalen ?

- La sous-traitance à outrance sans en mesurer les conséquences, c’est vous !

- Les centaines de retraités partis sans transmettre leurs connaissances, c’est vous !

- Les jeunes embauchés livrés à eux-mêmes dans les ateliers et dans le tertiaire, sans

accompagnement, sans matériel, c’est vous !

- L’ARP, ou « lean manufacturing », complètement inefficace, c’est vous !

Le « climat mondial de guerre » qui règne actuellement amène des commandes qui permettent

de faire illusion mais sachez bien que nous ne sommes pas dupes et mesurons bien quelle est

la situation réelle de l’entreprise.

Souhaitant par-dessus tout assurer leurs déroulements de carrière et garantir leur primes

diverses, les directions locales vous brossent dans le sens du poil et vous mentent à longueur

de journée. Tous les maux de Dassault Aviation sont actuellement mis sur le dos de salariés

soi-disant pas assez performants, et, ça ne mange pas de pain, parfois sur le dos de la CGT,

notamment à Biarritz où la direction locale s’acharne depuis des mois !

Flicage des pauses, du temps de repas, du téléphone, du télétravail, criminalisation de l’activité

syndicale, sanctions disciplinaires à la moindre broutille… certaines directions locales font

feu de tout bois pour justifier les retards de livraison ! Mais qu’ils balayent donc un peu devant

leur porte ! Les salariés ne font que subir des décisions insensées à longueur d’année !

Les très nombreuses demandes et propositions formulées localement n’ont

malheureusement aucune écoute, le dialogue n’existe plus. Les représentants du personnel ont

pourtant aujourd’hui infiniment plus de légitimité et de bon sens que les directions locales.

Sans réponse forte à nos demandes locales d’amélioration de la qualité de vie au travail nous

considèrerons que la seule voie à suivre sera celle évoquée par le PDG lors de son audition

par l’Assemblée nationale le 24 septembre 2025 : « Si vous ne créez pas le rapport de force,

vous n’obtenez pas le résultat ».

À SAINT CLOUD le jeudi 23 octobre 2025


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