Le rapport de l’expert sur les comptes prévisionnels 2025 confirme une nouvelle
fois la solide santé économique de Dassault Aviation. Mais derrière cette réussite
incontestable, plusieurs orientations financières et sociales soulèvent des
questions : la politique de rachat d’actions, la baisse de la redistribution des
richesses, les coopérations européennes à haut risque, et des difficultés sociales
persistantes sur plusieurs sites.
1. Une activité intra-muros performante
L’activité propre à Dassault reste florissante :
• Le chiffre d’affaires 2025 est attendu en hausse, malgré un contexte international
difficile.
• Les services de maintenance et rechange, représentant environ 30 % du chiffre
d’affaires, soutiennent fortement les résultats.
• Les commandes Rafale se maintiennent à un niveau élevé (26 Rafale Marine en
2025) et le carnet de commandes atteint un record de 48 milliards d’euros, soit sept
années d’activité.
• Côté Falcon, les difficultés persistent sur le marché américain, mais les
perspectives de redressement reposent sur le Falcon 10X. Justement, la CGT attend
un retour clair sur la situation du 10X, notamment concernant le transfert d’activités
vers la société LAUAK Portuguesa. Ce transfert suscite des interrogations sur la
continuité industrielle, la localisation des travaux et les garanties sociales associées.
2. Une situation financière exceptionnelle… mais des choix discutables
La trésorerie atteint 9,5 milliards d’euros, en hausse d’un milliard depuis janvier.
Pourtant, la direction poursuit une politique de rachat et destruction d’actions, avec
déjà 2,7 milliards d’euros dépensés depuis 2014, et un nouveau programme de
2,1 milliards voté en 2025.
Ces opérations :
• Privent l’entreprise de moyens d’investissement industriel et social,
• Renforcent inutilement la domination de la famille Dassault, qui possède déjà
66,2 % du capital,
• Ne profitent en rien aux salariés (36 millions d’euros détruits = 3 600 € de prime
par salarié perdus).
La CGT demande l’arrêt immédiat de ces rachats et une évaluation de leur
impact sur la participation et l’intéressement.
3. Coopérations extra-muros : le SCAF dans l’impasse
Le programme SCAF, lancé en 2017 avec l’Allemagne, illustre les dérives d’une
coopération imposée. Les désaccords persistants sur la maîtrise d’œuvre avec Airbus
compromettent l’avenir du projet.
La CGT partage l’analyse de nombreux observateurs, syndicats et élus allemands :
Ce programme politique coûteux et bancal doit être abandonné.
Dassault a prouvé avec le Rafale, conçu en totale indépendance, que la réussite passe
par la maîtrise intégrale du savoir-faire français.4. Emploi et conditions de travail : des progrès à consolider
Les effectifs dépassent 10 000 salariés, avec une embellie notable dans la fabrication (+230
embauches). Cette progression reste toutefois insuffisante face aux besoins liés à la montée en
cadence du Rafale.
Par ailleurs, 32 démissions à Saint-Cloud en six mois interrogent sur les conditions réelles de
travail, alors que la communication interne et externe ne montre qu’un visage idyllique…
Pour conclure,
La CGT salue les performances financières de Dassault Aviation, mais refuse que le rapport
très positif présenté aujourd’hui serve à mettre sous le tapis les montagnes de problèmes
actuellement rencontrés dans nos établissements.
Pour une seule « bonne idée » il y a 10 ans, l’achat d’actions Thalès (rappelée avec insistance
lors de chaque CSEC !), combien de mauvaises décisions avez-vous prises, vous et vos soi-
disant « experts », monsieur Segalen ?
- La sous-traitance à outrance sans en mesurer les conséquences, c’est vous !
- Les centaines de retraités partis sans transmettre leurs connaissances, c’est vous !
- Les jeunes embauchés livrés à eux-mêmes dans les ateliers et dans le tertiaire, sans
accompagnement, sans matériel, c’est vous !
- L’ARP, ou « lean manufacturing », complètement inefficace, c’est vous !
Le « climat mondial de guerre » qui règne actuellement amène des commandes qui permettent
de faire illusion mais sachez bien que nous ne sommes pas dupes et mesurons bien quelle est
la situation réelle de l’entreprise.
Souhaitant par-dessus tout assurer leurs déroulements de carrière et garantir leur primes
diverses, les directions locales vous brossent dans le sens du poil et vous mentent à longueur
de journée. Tous les maux de Dassault Aviation sont actuellement mis sur le dos de salariés
soi-disant pas assez performants, et, ça ne mange pas de pain, parfois sur le dos de la CGT,
notamment à Biarritz où la direction locale s’acharne depuis des mois !
Flicage des pauses, du temps de repas, du téléphone, du télétravail, criminalisation de l’activité
syndicale, sanctions disciplinaires à la moindre broutille… certaines directions locales font
feu de tout bois pour justifier les retards de livraison ! Mais qu’ils balayent donc un peu devant
leur porte ! Les salariés ne font que subir des décisions insensées à longueur d’année !
Les très nombreuses demandes et propositions formulées localement n’ont
malheureusement aucune écoute, le dialogue n’existe plus. Les représentants du personnel ont
pourtant aujourd’hui infiniment plus de légitimité et de bon sens que les directions locales.
Sans réponse forte à nos demandes locales d’amélioration de la qualité de vie au travail nous
considèrerons que la seule voie à suivre sera celle évoquée par le PDG lors de son audition
par l’Assemblée nationale le 24 septembre 2025 : « Si vous ne créez pas le rapport de force,
vous n’obtenez pas le résultat ».
À SAINT CLOUD le jeudi 23 octobre 2025


