Compte-rendu CGT
Réunion du Comité Social et Economique Central
jeudi 23 octobre 2025
Une réunion du CSEC s’est tenue jeudi 23 octobre 2025 à St Cloud, en présence de
Valérie Guillemet (DRH) et Loïk Segalen (PDG adjoint).
La déclaration préalable, ainsi que les diverses interventions des élus CGT étaient
consacrées aux nombreux problèmes actuellement rencontrés dans nos
établissements : les problèmes d’organisation, les changements incessants et
l’absence de prise en compte de la réalité du terrain dans les décisions prises par la
Direction Générale.
Même si l’ordre du jour de ce CSEC d’octobre était principalement consacré à
l’examen des comptes prévisionnels 2025 de la société, la direction générale avait
toutefois quelques annonces à faire :
Les droits de douane américains pour les produits indiens sont passés à 50% (contre
0% pour les produits aéro européens). Ceci oblige Dassault à revoir son projet
d’installation d’une ligne d’assemblage finale du Falcon 2000 en Inde.
Décision est prise de suspendre les transferts suivants relatifs au Falcon 2000 :
Le montage général et la piste (actuellement à Mérignac).
L’assemblage de la voilure (actuellement à Martignas).
L’assemblage du PH (actuellement à Poitiers).
Ces activités resteront donc où elles sont et les transferts prévus (« offsets » imposés
par les précédents contrats Rafale Inde) sont remplacés par les transferts suivants :
L’assemblage des sous-ensembles des T12 Falcon : revêtements équipés réalisés
aujourd’hui à Cergy et divers sous-ensembles réalisés en sous-traitance, notamment
chez Daher et Laroche.
L’assemblage des volets, élevons, aérofreins de Falcon, réalisé en sous-traitance,
notamment chez Daher, Potez et Gkn.
La finition des verrières et pare-brise Rafale, en dupliquant les installations de
Poitiers, pour faire du Make In India pour la série et la maintenance.
L’approvisionnement des pièces primaires associées, fait aujourd’hui à Seclin et
chez nos sous-traitants, sera fait majoritairement en Inde.
Le volume d’heures transférées reste du même ordre de grandeur que celui du projet
précédent. La construction d’un nouveau bâtiment chez DRAL dédié aux
aérostructures a été décidée pour accueillir ces nouveaux transferts en plus du
bâtiment actuel.Pour mémoire, les transferts en cours, déjà annoncés en CSEC ces dernières années, se
poursuivent :
Les assemblages de T12 Falcon de Cergy vers DRAL : Falcon 2000 fait, Falcon 8X en cours
et Falcon 6X à venir.
L’assemblage et l’aménagement du T15 du Falcon 2000 d’Anglet, via une sous-traitance
in situ à Potez vers DRAL (Entreprise indienne détenue par Dassault).
L’assemblage du T5 F6X d’Anglet, incluant le réservoir arrière déjà fabriqué par
Dynamatic, vers une Société indienne en cours de sélection.
Suite à la signature du contrat « 26 Rafale Marine » avec le gouvernement indien, une
chaîne de production des tronçons T12, T34 et T56 Rafale commence à être mise en place
sous la responsabilité de Tata (énorme entreprise indienne). L’objectif est de permettre la
production locale des avions pour un contrat supplémentaire de Rafale avec l’Inde.
Pour rappel, ces transferts visent à respecter les engagements de Make in India (« offsets »),
condition indispensable pour être en position de vendre à l’Inde les 114 Rafale dont elle a
encore besoin.
Point sur les comptes et sur la situation de l’entreprise :
Comme à son habitude, M. Segalen dépeint une situation noire : « taux de marge en baisse »,
« contreperformance en Etudes et en Fabrication », « explosion de tous les budgets alloués
dans tous les services », « mauvais résultats », « mauvaise qualité » « avions livrés en
retard »,.. bref, comme d’habitude, rien ne va.
Si tout n’est pas faux, la CGT, mais aussi toutes les organisations syndicales, s’accordent pour
pointer la responsabilité totale de la direction générale sur cette situation : l’absence de
formation, les réorganisations permanentes et les problèmes engendrés par la sous-traitance
démesurée dans nos établissements.
C’est un vrai dialogue de sourds, la direction générale s’entête et répète en boucle « il
faut être plus compétitif » …mais sans vouloir changer sa manière de faire !
La seule concession faite par M. Segalen concerne l’impact de la sous-traitance dans les
établissements : pour la première fois il reconnait, chiffres à l’appui, que les établissements
les moins « performants » sont ceux qui ont le plus gros taux de sous-traitance in-situ (Cergy
en tête, où 54% de l’effectif de production n’est pas « Dassault ») !
Pour la direction, la situation devrait s’améliorer avec le temps, la formation des centaines de
nouveaux embauchés bat son plein. Cela fait des années que la CGT répète que la
pérennisation des savoir-faire n’est pas à prendre à la légère... que de temps perdu !Falcon 10x :
En raison de changements de définition de certaines pièces ayant nécessité des modifications
suite aux essais effectués sur l’avion n°1 (avion d’essai), un « lissage » de la production est
actuellement effectué sur les avions en chaîne. Pour ne pas monter des avions avec des pièces
qui devront être changées, certains avions sont « ralentis » ou stoppés.
Limitation du Télétravail :
Ne manquant pas d’humour, monsieur Segalen nous explique que l’isolement chez eux des
salariés en télétravail les expose aux Risques Psycho-sociaux. Pour les sauver, il entend donc
limiter cette pratique au mardi ou jeudi.
Programme spatial (projet Vortex) :
Le lancement d’études pour une éventuelle navette spatiale « Dassault » a été annoncé lors
du dernier salon du Bourget. M. Segalen nous annonce que ce projet d’un montant de 60
millions d’euros est autofinancé par Dassault-Aviation… mais que Dassault a tout de même
reçu 30 millions de l’Etat français (nous !). Drôle « d’autofinancement » !
Rachats/destruction d’actions :
Dassault-Aviation continuera à acheter cette année des actions Dassault-Aviation pour les
détruire. Les achats sont en cours et la destruction est prévue en mars 2026. La CGT a dénoncé
une fois de plus cette pratique immorale (mais légale depuis 1998) qui prive l’entreprise de
moyens d’investissement et/ou de primes versées aux salariés. Pour info, les 2,7 milliards
d’euros qui ont été brûlés ces 11 dernières années par cette pratique auraient permis de verser
270 000 € de prime par salarié.
Enquête sur les Risques Psycho-sociaux (RPS) :
Une grande enquête menée en 2024 devait permettre de faire le point sur la situation réelle
de l’entreprise. Le questionnaire initial, choisi par les élus, était correct (questionnaire INRS)
mais l’entreprise choisie par la direction (cabinet Stimulus) pour traiter les résultats pose
question… La synthèse présentée aujourd’hui ne nous permet pas de nous faire une idée
sérieuse, les résultats ayant été « globalisés » et « résumés » de manière très très orientée…
Pour la CGT, la présentation du bilan a été construite dans un but de dissimulation des
mauvais résultats. Malgré ce camouflage des résultats, sur le seul établissement où une
comparaison est possible (Argenteuil/Cergy), la situation concernant les RPS s’est dégradée.
Suite aux demandes insistantes de toutes les organisations syndicales, la direction promet de
nous fournir prochainement les données brutes. Affaire à suivre.
Pour la CGT, les montées en cadence et problèmes d’organisation actuels génèrent des
situations compliquées que la direction sous-estime et ne souhaite pas résoudre.Cette réunion se termine par un aveu intime de monsieur Segalen : « oui moi aussi j’ai des
problèmes d’argent. L’autre jour je voulais vendre quelques actions pour faire un cadeau à
mon fils… mais avec mon poste de dirigeant, vendre des actions peut être considéré comme
un délit d’initié, je suis surveillé par l’AMF (Autorité des marchés financiers). C’est
embêtant, j’ai vraiment du mal à sortir mon cash… ».
Le verra-t-on avec nous lors des prochaines NAO ? …Affaire à suivre !